Bon braisé de moche coup – Une enquête de l’inspecteur Collenduo

L’inspecteur : Alors, m’sieur ?… Vous en avez pensé quoi ?
L’éditorialiste : Je n’ai toujours pas compris ce que je fais là. Dans un établissement scolaire qui n’est même pas privé. Est-ce que vous pouvez me réexpliquer, inspecteur ?
L’inspecteur : Eh bien, je suis l’inspecteur Collenduo de la BRIR, Brigade de Répression des Idées Reçues.
L’éditorialiste : C’est nouveau ?
L’inspecteur : Oui, m’sieur… On ne sait pas pourquoi. Dès qu’on crée une nouvelle cellule d’enquêtes sur le pouvoir, Darmanin la ferme.
L’éditorialiste : Et donc, votre job c’est de … ?
L’inspecteur : Mettre les personnes qui persistent à répéter des idées fausses pour des raisons idéologiques face à la vérité afin de faire en sorte qu’ils ne recommencent plus. C’est de la prévention avancée en somme…
L’éditorialiste : Mais je n’ai rien dit qui… Je suis honnête et neutre…
L’inspecteur : « Tout ce bla-bla sur l’esprit de résistance, toutes ces tartines sur le courage alors qu’on ne peut même plus enseigner l’histoire à l’école » ce n’est pas de vous ?
L’éditorialiste : Si, mais… C’est vrai…
L’inspecteur : Pardon m’sieur… Je m’en voudrais d’être obligé de vous soumettre à un passage à tabac à l’ancienne pour vous faire avouer mais que venez-vous de voir ?
L’éditorialiste : Un cours d’histoire…
L’inspecteur : Voilà… Donc, vous êtes rassuré et vous allez pouvoir déposer un rectificatif dans votre prochain éditorial…
L’éditorialiste : Sûrement pas… J’ai vu UN cours d’histoire… Cela ne veut pas dire qu’il y en a partout… C’est peut-être un contre-exemple.
L’inspecteur : Écoutez, si vous le souhaitez, je peux vous amener en voir un autre…
L’éditorialiste : Ça ne va pas ?!… Vous avez vu ces chaises ?… Elles font trop mal au cul ! Comment on peut passer six heures par jour là-dessus ?
L’inspecteur : Où on voit que vous êtes mal renseigné… Cela peut être sept, huit heures… Parfois neuf si les emplois du temps n’ont pas plus de latitude.
L’éditorialiste : Il n’empêche qu’on n’a pas appris grand chose pendant cette heure de cours…
L’inspecteur : Vous avez apprécié le sujet ?
L’éditorialiste : C’était certes de l’histoire… mais pas l’Histoire avec un grand H. L’Histoire noble. Celle qui fait la nation que nous sommes. Louise Michel… Une anarchiste notoire. Une Communarde… De l’histoire woke !
L’inspecteur : C’est pourtant dans le programme, m’sieur. Tenez, je vous ai imprimé le texte officiel… Parce qu’il ne rentrait pas dans mon carnet… Attendez, où je l’ai mis ? C’est tout moi, ça… je prépare un truc et après je ne le retrouve pas.
L’éditorialiste : Il n’empêche. Un programme qui célèbre Louise Michel, ça doit être encore un programme qui a été écrit sous Najat… Ça doit aussi parler du monde musulman, de l’Afrique et vanter les bienfaits de l’immigration…
L’inspecteur : Ah le voilà !… Alors, vous voyez, ça parle de la France… Ah un peu de l’Europe… Mais avec la France… Et puis de la France… De la France… Et de la Première Guerre mondiale…
L’éditorialiste : La colonisation, la guerre… C’est très bien tout ça.
L’inspecteur : Donc, vous voyez qu’il y a un programme d’histoire… Qui devrait en plus vous plaire puisqu’il a été mis en place pendant le ministère de monsieur Blanquer… Et les enseignants enseignent ce programme… Donc ?
L’éditorialiste : Donc ?…
L’inspecteur : Est-ce qu’on enseigne encore l’histoire en France ou pas ?
L’éditorialiste : La question n’est pas là.
L’inspecteur : Où est la question ?
L’éditorialiste : Louise Michel ce n’est pas de l’histoire, c’est de la politique gauchiste !
L’inspecteur : Alors vous voyez, ça s’appelle Point de passage et d’ouverture…
L’éditorialiste : Et alors ?
L’inspecteur : Cela veut dire que c’est obligatoire de le traiter et qu’on peut s’en servir pour élargir ensuite…
L’éditorialiste : Élargir ?… Vous voulez dire ?…
L’inspecteur : Oui, m’sieur… On peut parler du socialisme, du monde ouvrier, de la ville dans les quartiers urbains pauvres…
L’éditorialiste : Et puis quoi encore ?… On va pas convoquer cette raclure de Zola en plus…
L’inspecteur : On n’a pas le temps, m’sieur… Est-ce que l’enseignant a ouvert sur tout ça ?
L’éditorialiste : Non… Encore heureux. Alors qu’il y a tant à dire sur l’héroïsme de nos poilus de 14…
L’inspecteur : C’est justement pour pouvoir voir ça d’ici juin qu’il a été bref.
L’éditorialiste : Mais je vois… je vois qu’on ne parle pas de Verdun dans le chapitre sur la guerre… Et qu’on doit en revanche parler du passeport Nansen, ce torchon pour réfugiés apatrides… Du wokisme ! Encore et toujours ! Je préfèrerais encore qu’on ne leur apprenne rien.
L’inspecteur : Ah, il faudrait savoir, m’sieur… On fait des cours d’histoire ou on n’en fait pas ?
L’éditorialiste : On en fait… Mais ce ne sont pas les bons !… Ce n’est pas avec ça que nos jeunes seront prêts à donner leur vie pour le pays…
L’inspecteur : Pardon de vous arrêter, m’sieur…
L’éditorialiste : Vous m’arrêtez ?… Mais ça ne se passera pas comme ça… J’ai le numéro personnel de Gérald Darmanin, moi…
L’inspecteur : Non, m’sieur… Je vous arrête avant que vous ne disiez des bêtises.
L’éditorialiste : C’est pareil. Qu’est-ce que vous faites de ma liberté d’expression ?
L’inspecteur : Oh mais je la respecte, m’sieur… Vous pourrez dire tout ce que vous voudrez. je vous écouterai religieusement comme on dit à Stanislas mais…
L’éditorialiste : Mais quoi ?!…
L’inspecteur : Ma mission c’est de faire en sorte qu’on arrête de dire des mensonges dans les médias… Allez-vous revenir sur votre mensonge concernant le non-enseignement de l’histoire ?
L’éditorialiste : Non !
L’inspecteur : Mais pourquoi puisque vous avez les preuves écrites et orales qu’on continue bien à faire des cours d’histoire ?
L’éditorialiste : Parce que je sais bien qu’il y a des établissements où on n’en fait plus… Dans le 9.3 par exemple…
L’inspecteur : On ne fait plus de l’histoire dans le 9.3 ? Vous voulez dire parce qu’ils sont en grève depuis plusieurs semaines ou parce que les professeurs absents ne sont pas remplacés ?
L’éditorialiste : Parce que des profs idéologues leur apprennent une mauvaise histoire.
L’inspecteur : Vous avez enquête sur place ?… Je veux dire, comme vos confrères ?
L’éditorialiste : On me l’a dit, c’est tout !
L’inspecteur : Qui, m’sieur ?… C’est pour mon rapport. Mon chef veut tous les détails… Sinon il ne valide pas l’enquête, vous comprenez ?
L’éditorialiste : C’est un confrère.
L’inspecteur : Un spécialiste de l’éducation ?
L’éditorialiste : Non, le rédacteur en chef des pages Jardinage d’un quotidien de la presse régionale.
L’inspecteur : Qui connait bien le 9.3 ?
L’éditorialiste : Ah non… Je crois bien qu’il n’y a jamais mis les pieds…
L’inspecteur : Fiable donc ?
L’éditorialiste : Très fiable. Vous pensez, il connaît Vincent Bolloré.
L’inspecteur : Comprenez bien, m’sieur. Si vous ne changez pas votre affirmation…
L’éditorialiste : Vous me bouclez ?… Je vous préviens, j’ai déjà donné ses croquettes à Volta, le chien du Premier ministre…
L’inspecteur : Mais non, m’sieur, je ne vous boucle pas… J’aurais juste échoué dans ma mission.
L’éditorialiste : Mais dites-moi…
L’inspecteur : Oui.
L’éditorialiste : Comment vous connaissez tous ces trucs sur l’École ?
L’inspecteur : J’ai fait une enquête, m’sieur…
L’éditorialiste : Une enquête ? Vous voulez dire, une enquête de police ?
L’inspecteur : Non, une enquête de journaliste, m’sieur. De vrai…

Laisser un commentaire