2 et demi – une enquête de l’inspecteur Collenduo

L’inspecteur ; Bonjour, m’sieur…
Le Premier Ministre : Oh !… Vous revoilà !… Mais pourquoi ne suis-je pas surpris, inspecteur… Inspecteur ?
L’inspecteur : Inspecteur Collenduo…
Le PM : Voilà… D’un service baroque et étrange dont j’ai oublié le nom…
L’inspecteur : Vous avez raison de ne pas faire d’effort de mémoire, m’sieur… Dès que je vous fais des ennuis, vous supprimez mon service…
Le PM : Et vous revenez quand même…
L’inspecteur : Qu’y puis-je si nous sommes encore un État de droit ?
Le PM : Vous, rien… Mais moi je pourrais mieux m’y prendre, c’est sûr… Alors qu’est-ce qui vous amène cette fois-ci ?
L’inspecteur : Eh bien, nous avons été saisi à la BRRRR… Brigade de Répression de la Réforme Ringarde Réactionnaire…
Le PM : Un sigle qui fait froid dans le dos…
L’inspecteur ; Nous avons été saisis, disais-je, d’une demande d’enquête sur votre réforme des concours de recrutement des enseignants…
Le PM : Écoutez, je vais plutôt vous laisser aller en parler avec ma ministre de l’Éduca…
L’inspecteur : Je vous interromps, m’sieur… Ça ne marche pas le « c’est pas moi, c’est elle »… À chaque fois qu’il y a une annonce c’est vous qui la faites… Je suppose que vous ne voudriez pas qu’on pense que vous n’êtes qu’un simple répétiteur ?
Le PM : Sûrement pas ! On n’a de véritable autorité que si on sait de quoi on parle et si on a une maîtrise des sujets qu’on traite de par sa formation…
L’inspecteur : C’est exactement ce que disent les associations de spécialistes, m’sieur…
Le PM : Oui mais, pour l’enseignement, ce n’est pas pareil… Ces grands spécialistes, enfermés dans leur domaine étroit, ne savent finalement pas grand chose. Ce n’est qu’en étant spécialiste de tout qu’on domine un sujet. Il nous faut de grands généralistes !
L’inspecteur : Pour mieux soigner les élèves ?
Le PM : Parfaitement, inspecteur. Pour être à leurs petits soins… De 8 heures à 18 heures… Spécialement si des élèves sont de jeunes petits cons violents et hostiles à la laïcité.
L’inspecteur : J’ai été saisi de cette demande d’enquête mais je dois vous dire qu’il y a des petits détails qui me chiffonnent… Des petits trucs que je ne comprends pas… Et c’est pour cela que je viens vous voir.
Le PM : Vous avez raison. Je vais vous expliquer.
L’inspecteur : Je n’arrive pas à comprendre pourquoi les enseignants d’histoire n’aiment pas l’alignement des questions du concours sur les programmes… Cela paraît parfaitement logique…
Le Pm : C’est que ce sont des wokes démagogues et manipulateurs. Voilà pourquoi…
L’inspecteur : Ah… La manière dont vous avez répondu me confirme dans l’idée que leur demande a donc du sens… Je vous ai posé une question pratique, vous avez répondu sur un aspect idéologique…
Le PM : Je vous dis ce qui est.
L’inspecteur : Très bien, m’sieur… Je le note… Donc, c’est parce que les professeurs recrutés sont idéologisés qu’il faut les recruter sur un savoir minimal ?
Le PM : Exactement !…
L’inspecteur : Il est donc dangereux qu’un enseignant pense ?
Le PM : Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit. Si un enseignant veut penser, qu’il pense !… Mais pas à propos de son travail… C’est quand même le futur de la France qu’il a entre ses mains… Vous imaginez s’il formait un pays de jeunes gauchistes ?
L’inspecteur : Quand on regarde comment votent les Français et qu’on sait comment pensent et votent les enseignants on peut dire que ça fait au moins deux générations qu’ils ratent leur coup, m’sieur…
Le PM : On ne sait jamais… Il suffit d’une fois…
L’inspecteur : Une fois ?!… Quand ça ?!…
Le PM : François Hollande !… Rappelez-vous !… Les chars de l’URSS étaient aux portes de la France…
L’inspecteur : Je ne vais pas me permettre de vous reprendre. C’est vous qui êtes supposé être l’intellectuel ici…
Le PM : Parfaitement… François Hollande et son homme des basses besognes, Jean-Marc Ayrault… L’homme au couteau nantais entre les dents…
L’inspecteur : Pardon m’sieur mais je crois que vous êtes encore trop dans votre débat avec Jordan Bardella…
Le PM : Ah ?!… Pourquoi dites-vous ça ?…
L’inspecteur : Je ne sais pas, m’sieur… L’impression que vous jouez à qui fera le plus peur aux gens sur les dangers qui les menacent… En évitant d’évoquer ce qui les menace vraiment.
Le PM : Ça se voit ?
L’inspecteur : Ben, à force un peu, m’sieur… Ma femme me le disait encore ce matin en essayant de louer notre appartement avec vue sur le Stade de France pour 18 000 euros la semaine fin juillet : « Ça se voit quand même »…
Le PM : Mais qu’est-ce qui se voit ?
L’inspecteur : Que vous construisez un avenir surtout fait de gravas…
Le PM : Que voulez-vous ? C’est ça un monde en transition…
L’inspecteur : Ce qui me ramène à mon sujet… Vous m’connaissez, m’sieur… Je lâche pas l’affaire comme ça…
Le PM : C’est bien pour ça qu’on ferme vos services avant que vous ne terminiez vos enquêtes.
L’inspecteur : Recruter les enseignants du secondaire 2 ans et demi après le Bac, ce n’est pas un peu tôt quand même ?… Vous pensez qu’ils seront prêts ?
Le PM : Près de quoi ?
L’inspecteur : Ben déjà, près de leurs sous parce que commencer à 900 euros par mois…
Le PM : Ils feront comme d’autres, ils resteront plus longtemps à vivre chez leurs parents… J’ai lu un article très intéressant sur le sujet il y a peu… Très intéressant ces jeunes qui n’arrivent plus à rompre avec le cocon familial… Je pense que c’est encore un effet néfaste du portable.
L’inspecteur : Ou c’est que les prix des logements sont trop élevés ?
Le PM : Les prix c’est le marché qui les détermine… C’est une règle. C’est une loi. Cela ne peut donc pas être la cause de cette situation… Non, je crois que c’est culturel… Les enseignants n’ont pas appris la vie à ces jeunes.
L’inspecteur : Parce que la vie c’est partir ?
Le PM : Oui… Et la mort c’est partir beaucoup…
L’inspecteur : Donc, si je vous suis bien, m’sieur, les enseignants sont responsables des jeunes qui restent chez eux et des jeunes qui sortent dans les rues ?
Le PM : C’est cela… Ce sont des enseignants trop formés pour ce qu’on leur demande… Ils ont de trop hautes idées intellectuelles pour des gamins qui avant tout ne demandent qu’à assouvir leurs pulsions violentes.
L’inspecteur : Et donc, en abaissant le niveau de recrutement ?
Le PM : On pourra plus facilement recruter des anciens policiers, voire même des recalés du concours de la Police. La jeunesse sera surveillée et les « mort aux vaches » seront bien gardés.
L’inspecteur : Donc, vous voulez recruter des moins bons qui feront mieux ?
Le PM : C’est exactement ça !… Ah, inspecteur, si vous n’étiez pas si viscéralement attaché à votre profession d’enquêteur, je vous aurais proposé de rejoindre le pool de mes conseillers en communication. Vous savez rendre clair ce que je cherche à garder flou.
L’inspecteur : Merci m’sieur mais là il y a encore un p’tit truc qui me tracasse…
Le PM : Je vous écoute… Juste le temps d’envoyer ce petit mail à mon ami Gérald Darmanin qui veut le même poste que moi dans 3 ans… Voilà… Allez-y…
L’inspecteur : Comment ces nouveaux enseignants vont se former à tout ce qu’ils devront savoir pour le concours en deux ans et demi à peine ?…
Le PM : Pardon ?!…
L’inspecteur : Est-ce que ça ne va pas obliger les universités à ne former qu’aux concours d’enseignants ?
Le PM : Les quoi ?
L’inspecteur : Les universités…
Le PM : Mais vous n’avez pas suivi !… Vous prenez des notes sur votre petit carnet mais vous ne suivez pas !… Les universités ce sont des nids à gauchistes woke. Pourquoi aller former nos enseignants là-bas ?
L’inspecteur : Je ne sais pas, m’sieur… Parce que ça s’est toujours fait comme ça…
Le PM : Eh bien justement… Nous ne voulons plus que ça se fasse comme ça !… Les enseignants sont nuls. C’est à cause d’eux que l’extrême droite est à plus de 30 %. On fera autrement !
L’inspecteur : Et comment ?
Le PM : Le concours de recrutement des enseignants se préparera dans des établissements payés par les régions avec du personnel payé par les départements et du matériel payé par les villes.
L’inspecteur : Ça ne risque pas de coûter cher ?
Le PM : Oh que si… C’est pour cela que des établissements privés seront aussi autorisés à effectuer cette préparation… et que les régions, les départements et les communes pourront les financer pour que ça leur revienne moins cher…
L’inspecteur : Mais alors, m’sieur… C’est une arnaque…
Le PM : Une arnaque, une régression, une caporalisation, une perte de sens du service public, vous pouvez appeler ça comme vous voulez. La BRRRR vient d’être supprimée. Fin de votre enquête. Au revoir…

Laisser un commentaire